Titre français : Stalingrad
Equipe:
Durée : 130’
Genre:
Date de sortie: 13/03/2001
Cotation:
Si vous avez manqué le début:
Septembre 1942. Les troupes Allemandes sont aux portes de Stalingrad. Vassili Zaitsev, tireur d'élite, est le héros de l'armée soviétique. Face à lui, les Allemands alignent le Major König. Pendant que la bataille fait rage, les deux hommes s'affrontent...rn
Notre critique:
Aidé par son complice de toujours, Alain Godard (LA GUERRE DU FEU, WINGS OF COURAGE), Jean-Jacques Annaud (THE NAME OF THE ROSE) rompt complètement avec l’ambiance léchée initiatique de son film précédent, SEVEN YEARS IN TIBET.
rnENEMY AT THE GATES est une histoire tendue et violente, un western guerrier, une romance sauvage et passionnée, une tragédie désillusionnée. Le tandem Annaud-Godard s’inspire de Vassili Zaitsev, véritable héros de la bataille de Stalingrad. Mais plutôt que de reconstituer fidèlement l’histoire, au boulon de char d’assaut près, les deux hommes brossent une galerie de portraits réalistes, si pas réels, sortes d’habiles caricatures d’êtres humains plongés en situation extrême: Danilov, idéaliste jusqu’au bout de la faucille, dont les convictions sont peu à peu grignotées par l’échec de sa vie personnelle; Tania, la jeune femme cultivée qui choisit de prendre les armes et de risquer sa vie pour repousser l’envahisseur fasciste; Zaitsev, enfin, qui, après s’être laissé enivrer par son artificiel statut de héros de guerre, ne veut plus assumer les nombreux morts qui se sont sacrifiés pour une cause dont il est désormais l’icône.
rnLe casting est à l’image des personnages: fort et sincère. Jude Law (GATTACA, THE TALENTED MR RIPLEY) compose un Zaitsev humain, tantôt fier, tantôt pris dans l’engrenage d’une propagande efficace, trop, peut-être. Rachel Weisz (THE MUMMY) trouve enfin un rôle mûr qui lui permet d’éclairer son jeu de son talent d’actrice issue du théâtre anglais. Joseph Fiennes (SHAKESPEARE IN LOVE) alias Danilov s’en sort haut la main. Il évite la facilité et la surenchère et joue de retenue dans un rôle piégeux puisque bardé de dialogues prônant de grandes idées morales. Enfin, soulignons l’impressionnante prestation d’Ed Harris (APOLLO 13, THE ROCK) en major allemand surdoué en tir de précision. Silencieux, tapis dans la pénombre, immobile, Harris ne pouvait baser son interprétation que sur son regard perçant et une gestuelle rapide et précise. Sans un mot, en quelques scènes à peine, il fabrique un personnage efficace, animé d’une froide détermination et torturé par un lourd passé dont on devine sans peine la silhouette. Il est bluffant d’effroi.
rnDes décors soignés, un montage serré, des effets spéciaux utilisés avec parcimonie… Les scènes de combat sont d’une belle ampleur et d’un réalisme qui n’a rien à envier aux récentes productions du genre. Mais, même au coeur de ces grandes scènes de foule, Annaud parvient à capter les émotions de ses acteurs, Jude Law en tête. Une photographie et une lumière astucieuses permettent au film de gagner une dimension humaine poignante. Ceci dit, elles s’avèrent être moins judicieuses en ce qui concerne le rythme, par endroit lent et répétitif. Le suspense en pâtit. Annaud ne parvient à installer la peur viscérale du tueur embusqué qu’à la fin du récit. Un peu tard pour être efficace…
rnCette réserve finale ne doit pourtant pas ternir la qualité du long métrage. ENEMY AT THE GATES est un film qui plonge dans les tourments de l’âme humaine en temps de guerre. Un sujet fort, servi par un casting hors pair, qui mérite amplement le détour par la salle obscure.