Equipe: Christian Berkel, David Birke, Isabelle Huppert, Laurent Lafitte, Paul Verhoeven, Philippe Djian, Virginie Efira
Durée : 130’
Genre: Drame policier et psychologique
Date de sortie: 25/05/2016
Cotation:
Si vous avez manqué le début:
Michèle se fait agresser et violer par un intrus dans sa maison... Froide, distante, sure d’elle, elle réagit comme si de rien n’était et continue sa vie normalement tout en fantasmant sur sa possible vengeance.
Notre critique:
Dans ELLE, on retrouve pêle-mêle: un fils pénible, un amant stupide, un père tueur en série, une mère suicidaire, un ex inconsistant, tout cela pour une femme qui se fait violer par un intrus dans sa maison, mais pas n’importe quelle femme puisqu’il s’agit d’une dirigeante d’entreprise, forte, sans peurs et qui a l’habitude de mener les hommes à la baguette.
Cela fait beaucoup de clichés et de surenchères dans un même film et surtout dans une adaptation d’un roman de Philippe Djian, Oh… , qui était plutôt un roman sans tabous, un roman politiquement incorrect. On pouvait pourtant imaginer que Paul Verhoeven (ZWARTBOEK, HOLLOW MAN), le hollandais iconoclaste et intelligent, allait merveilleusement rendre le roman de Djian, justement iconoclaste et provocateur.
Il semble qu’au passage de l’adaptation, et malgré la présence d’Isabelle Huppert (L’AVENIR), en parfaite adéquation avec le personnage dans ce rôle souvent jubilatoire, ELLE ait perdu une partie de son côté contestataire au profit d’une mise en place plus dans l’air du temps (un comble pour Verhoeven qui a souvent devancé les modes). Pourquoi par exemple avoir mis Michèle comme patronne d’une boîte de jeux vidéos (elle dirige une agence de scénaristes dans le livre)? Pour le côté “hype”?
Dommage, car les dialogues cyniques, les sous-entendus dans les attitudes, la part du thriller façon Hitch et les rôles plutôt convaincants auraient pu (dû) donner à l’ensemble une bonne claque féministe repoussant les hommes dans les cordes de la veulerie et mettant en avant comment une femme de pouvoir pouvait réagir face à un rapport de force qui ne tourne pas à son avantage.
Au lieu de cela, naviguant trop au milieu cette abondance de sujets, Paul Verhoeven semble avoir lissé son côté pervers (il faut dire que d’autres que lui ont depuis quelques temps été beaucoup plus loin) et relie difficilement son rôle principal à son histoire. On a souvent la perception d’une Michèle par trop au-dessus de la mêlée pour entraîner une certaine empathie chez le spectateur, on a aussi souvent l’impression de pics de contestation mais pas d’une histoire complètement iconoclaste et irrévérencieuse bousculant les clichés machistes.