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Desperate Measures

par Jean-Dominique Quinet
Publié: Dernière mise à jour le

Titre français : L'Enjeu

Equipe:
Durée : 90’
Genre:
Date de sortie: 17/03/1998

Cotation:

1 sur 6 étoiles

Si vous avez manqué le début:

Le héros, un flic compétent et intègre (Andy Garcia), collectionne les tuiles. Il a perdu sa femme. Son fils est atteint de la leucémie et est sur le point de mourir si on ne pratique pas illico-presto une greffe de moëlle épinière. Pour corser le tout, le seul donneur compatible est un dangereux tueur (Michael Keaton) emprisonné à perpétuité. Lequel, vicieux individu, profite de la situation pour se faire la malle lâchement, en tuant tout le monde et en narguant la police. Du coup, le sang du flic ne fait qu'un tour: il poursuit le méchant personnage, mettant l'hôpital à feu et à sang.

 

Notre critique:

Y a de ces films qui vous feraient regretter d’aller au cinéma!

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Connaissez-vous ces plantes crucifères aux racines comestibles, réputées pour leur fadeur inégalée? Ces légumes sont le cauchemar de la ménagère, qui, le plus souvent, s’en débarrasse sous forme de soupe… Les navets ont leurs correspondants cinématographiques. Ce sont des films insipides, ennuyeux, qui ne prêtent ni à rire, ni à dormir. C’est du n’importe quoi concentré, épicé à la bêtise.

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Notre jardinier de service s’appelle Barbet Schroeder. L’homme n’en est pas à sa première culture. Il a déjà quelques saisons derrière lui: KISS OF DEATH (avec Nicolas Cage) et SINGLE WHITE FEMALE (où Bridget Fonda et Jennifer Jason Leigh se disputent la même identité!). Mais, même s’il a bâti sa filmographie à grands coups de binettes, il n’avait pas encore osé sortir le motoculteur. Cette fois, c’est chose faite. Le pire, c’est qu’il entraîne dans sa tranchée deux acteurs de choix: Andy Garcia et Michael Keaton.

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Une vague odeur de tourbe s’échappe du synopsis. Ca pêche. Ca tire. C’est grossier. C’est violent. Et ça finit bien, puisque greffe il y aura, et que le fils vivra…

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Mais enfin, nous direz-vous, qu’est-ce qui justifie tant de hargne? Qu’est-ce qui différencie ce film des trillions de films américains qu’on voit déferler sur nos écrans? Un trop plein, peut-être. Et surtout un coup de gueule contre les machines US qui prennent le spectateur pour un con. Dans DESPERATE MEASURES, le nombre d’invraisemblances narratives à la minute pulvérise les records. A croire que les scénaristes ont compilé toutes les erreurs possibles, toutes les scènes-clés ringardes et les personnages les plus stéréotypés de toute l’histoire du cinéma américain. En fait, le résultat tient de l’exercice de style…

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Le plus bel exemple reste la scène obligatoire de cascade sur l’autoroute. Pour obliger Andy Garcia à prendre l’autoroute à contresens, nos surdoués n’ont pas trouvé mieux que de lui faire confondre le Nord et le Sud. Ce qui donne un dialogue du style:

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-Mais, je ne le vois pas sur l’autoroute. Vous avez dit qu’il allait vers le nord ou vers le sud?
-Vers le Sud.
-Merde. J’avais compris vers le nord.

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Le flic fait marche arrière, et on se paie une cascade monumentale. Quand on en arrive à des extrémités aussi stupides, mieux vaut arrêter l’écriture…

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On pourrait en citer une tonne comme cela, mais ne nous faisons pas de mal. Schroeder aligne sans inspiration des scènes sans cesse plus insupportables. Il a beau se cacher derrière l’étiquette film de genre (si, si, il ose revendiquer son machin comme cela!), il vient pourtant de signer là son plus mauvais film.

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Pour épaissir encore plus cette mayonnaise déjà rance, Michael Keaton se sent obligé de remettre une couche. Son interprétation du tueur psychopathe au QI vachement élevé est pathétique. Il imite tout ce qui a été fait, mélangeant sans vergogne le Hannibal Lecter d’Anthony Hopkins, le Cape Fear de De Niro, et bien d’autres encore. Mais on ne sera pas dupe: son personnage est transparent comme de l’eau de vaisselle…

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Restons simple. DESPERATE MESURES est un titre dont vous ne devriez même pas avoir entendu parler. En fait, si vous lisez cette critique, c’est déjà de trop. Enfin, il vous reste encore une chance de l’oublier. Ceci dit, puisque vous êtes là, on peut quand même vous raconter le seul gag (involontaire) du film. Il concerne la traduction française.

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Savez-vous comment on traduit blowjob pour éviter tout problème avec la censure?

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Turlutte.

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Eh oui, les gars! Vous avez bien lu. Turlutte.
Quand est-ce qu’on traduira fuck par tagada? C’est Tarantino qui serait content…