Clean

Clean

par Jean-Dominique Quinet
Publié: Dernière mise à jour le

Equipe: Maggie Cheung, Nick Nolte, Olivier Assayas
Durée : 110’
Genre:
Date de sortie: 05/10/2004

Cotation:

4 sur 6 étoiles

Si vous avez manqué le début:

Après la mort de son mari d'une overdose, une jeune mère se bat pour recouvrer la garde de son enfant. Un combat d'abord contre elle-même, mais aussi contre la drogue, la société, les autres... et ses beaux-parents. Un combat pour la dignité.

 

Notre critique:

Jusqu’ici, le parcours d’Olivier Assayas était chaotique et, à vrai dire, peu convaincant. D’un film auteurisant plutôt long et maniéré (IRMA VEP) à un film bicéphale partagé entre le thriller d’espionnage industriel « à l’américaine » et le snuff-movie glauque plutôt fauché (DEMONLOVER), le réalisateur de L’EAU FROIDE n’avait pas encore réussi à affirmer sa sensibilité avec autant de talent.

Toutefois, on voit déjà pointer dans ces oeœuvres l’amour du cinéaste pour ses comédiennes (Maggie Cheung déjà, Chloé Sévigny et Connie Nielsen), et le soin avec lequel il les porte en avant dans sa mise en scène. Débarrassé de son maniérisme encombrant, Assayas atteint enfin, grâce à CLEAN, notre coeœur de cinéphile avide d’émotions véritables. Assez étonnamment d’ailleurs, car CLEAN est issu de la collaboration du français avec son ex-femme, Maggie Cheung, et a été tourné en pleine procédure de divorce!

C’est pourtant un magnifique cadeau de séparation qu’ils s’offrent ici, Assayas portant à l’écran un scénario dépouillé et puissant, axé sur deux personnages dépeints avec moult justesse et humanité. D’un côté la mère, Emily, femme brisée qui entame un « remontée » des enfers, d’un autre, le beau-père, Albrecht, un homme qui ne peut accepter la mort de son fils et qui lui rejette la responsabilité, mais qui en même temps se rend compte qu’il ne peut enlever un fils à une mère. Des personnages complexes, finement écrits, et interprétés par deux acteurs qui entrent ici complètement en résonance avec leur rôle: Maggie Cheung, dont la récompense cannoise est amplement méritée et Nick Nolte, un acteur injustement cantonné dans des rôles secondaires, qui dispense ici une intense émotion.

Portée par ces deux acteurs, l’histoire, celle d’une remontée des enfers (ce qui pour une fois nous change des plongées vers la déchéance) nous présente un parcours quasi initiatique, un chemin certes douloureux qui trouve son aboutissement dans une scène bouleversante que nous laisserons à tout un chacun interpréter à sa guise.

Derrière la caméra, Assayas se débarrasse avec bonheur des nombreux tics qui ampoulaient ses précédentes réalisations. Son ton se dégivre; il colle à ses personnages, les poursuivant d’une caméra mobile et spontanée, en évitant tout voyeurisme gratuit. La musique, un élément essentiel de l’univers du cinéaste, reste discrète même si l’apparition insolite, au début du film, d’un groupe de musique tout à fait secondaire nous vaut une séquence clippée hors contexte. Cela nous assure cependant une bande son irréprochable, qui s’illumine durant les morceaux chantés par Maggie Cheung.

Voilà donc un concentré d’émotions bien dosé qui ne saurait que ravir les amateurs de films « à personnages ».

 

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