Equipe: George MacKay, Matt Ross, Samantha Isler, Viggo Mortensen
Durée : 118’
Genre: Drame
Date de sortie: 12/10/2016
Cotation:
Si vous avez manqué le début:
Dans la forêt un cerf se nourrit paisiblement lorsque soudain un jeune homme a moitié nu, muni d'un couteau, l'attaque et le tue. Pour lui, il s'agit d’un rituel de passage à l'état adulte. Il faut dire que son père, Ben Cash, et toute sa famille, 5 frères et sœurs, vivent presque a l'état sauvage dans la forêt...
La mère, Leslie, en dépression est à l’hôpital près de chez ses parents. Toute l'éducation tant physique que mentale ou artistique se fait via le père. Les enfants ont une vision conceptuelle de la civilisation qui les entoure, plus théorique que pratique.
La mère se suicide et laisse un testament dans lequel elle spécifie qu'elle veut être incinérée en tant que bouddhiste. Alors que le père de Leslie, Jack, ne veut pas que le reste de la famille vienne à l’enterrement, Ben et ses enfants décident pour finir de s’y rendre pour faire valoir les choix de Leslie.
Notre critique:
Leur trajet dans la soi-disant civilisation pour aller à l’enterrement est bien sûr exemplaire pour montrer les failles de l’enseignement du père mais aussi ses forces (une éducation stricte, un apprentissage excellent dans différents domaines). On voit en tout cas que la confrontation entre les deux mondes est plutôt explosive. L’hypocrisie de notre monde civilisé est mise en évidence. Mais aussi l’absence d’intégration sociale de ses enfants tournés uniquement sur eux-mêmes.
Photographie bien maîtrisée, rythme soutenu dans le récit confèrent à CAPTAIN FANTASTIC une grande partie de sa force, mais pas seulement, car les dialogues et les situations souvent en décalage avec la vie civilisée et industrielle sont pleins d’humour et d’enseignement pour mieux comprendre la différence d’éducation.
CAPTAIN FANTASTIC n’évite pas toujours la caricature car elle est, en un sens, l’essence même du sujet. Deux conceptions du monde qui s’affrontent sans jamais apprendre l’une de l’autre finalement? Si puisque les enfants en sortiront forcément changés et que la perturbation qu’ils auront créé dans le monde civilisé marquera aussi celui-ci.
D’aucuns pourraient tenter de voir dans CAPTAIN FANTASTIC une charge sur le survivalisme, cher à nos amis américains. Mais ce n’est pas vraiment le cas, car le point de vue reste somme toute assez neutre et les seules charges sont plutôt sur le père dont les prises de position sont très (trop) tranchées. La mère était plus modérée (c’est elle qui a aidé son fils à s’inscrire dans des universités prestigieuses).
Finalement, c’est le combat entre le grand-père et son beau-fils qui se joue comme celui entre la civilisation et la nature sauvage, chacun ses armes, mais personne n’en sort vainqueur et il y a des dommages collatéraux et c’est l’accident de la fille de Ben qui va lui faire prendre conscience de ses erreurs.
Côté comédiens, Viggo Mortensen (THE ROAD, A HISTORY OF VIOLENCE) est remarquable et campe assez magnifiquement cet homme dur avec lui-même et avec ses enfants, mais le film ne serait rien sans le talent de ses jeunes interprètes qui sont à la hauteur dans toutes les répliques et les situations.
Enfin, c’est la balance intelligente entre tous les points de vue qui permet au film d’être -au-delà de la caricature- une réflexion sur notre monde et notre rapport à la nature: en clair il ne faut pas revenir à la vie sauvage, il faut en tirer le meilleur parti et adapter notre civilisation à une meilleure intégration, comme le montre le final du film. Un message à méditer…