Et si le monde était aveugle? Si au lieu de voir l’évidence, nous passions à côté de l’essentiel, le monde sombrerait inévitablement dans le chaos le plus total… C’est la métaphore plus ou moins évidente que véhicule le scénario de BLINDNESS, adaptation d’un roman de José Saramago par un réalisateur sud-américain, Fernando Meirelles.
Sous forme d’un film d’anticipation, le film aborde donc ce monde aveugle qui passe de l’isolement des contagieux à un monde complètement chaotique dans lequel tout s’arrête et où les gens retournent à l’état sauvage. Sur ce plan, rien de bien neuf par rapport aux films qui usent et abusent d’une épidémie en général pour plonger le monde dans l’obscurantisme (I AM A LEGEND, 28 DAYS LATER). Rien de bien neuf non plus dans le choix du personnage qui s’en sort parce qu’il n’est pas contaminé, hormis, bien sûr, le fait qu’il s’agit de quelqu’un qui a un avantage majeur dans ce cas puisque l’absence de contamination lui permet de voir!
Ce qui par contre démarque BLINDNESS des autres films de ce genre, c’est clairement le soin apporté à la mise en scène (jeu sur les blancs, les reflets, les yeux, etc) et le choix d’orienter le sujet vers l’intimisme et le lieux clos (une majorité des scènes se passent dans le lieu de la quarantaine) et donc de s’attacher à l’humain et à ses rapports dès l’instant où tout le monde devient aveugle.
Par contre, l’orientation humaine et sociale du sujet prive le film de toute une analyse rationnelle d’un monde dans lequel un des sens a disparu, en l’occurrence le plus important dans nos sociétés… Et même si parfois, quelques bribes d’informations (comme les gens qui vivent dans les supermarchés pour pouvoir se nourrir) viennent alimenter notre réflexion sans toutefois en explorer les détails.