Titre français : Astérix & Obélix : Mission Cléopatre
Equipe: Gérard Depardieu
Durée : 107’
Genre:
Date de sortie: 29/01/2002
Cotation:
Si vous avez manqué le début:
Nous sommes en 52 avant Jésus-Christ et les amours de la sublime reine Cléopatre et du puissant Empereur César sont au beau fixe: Il fait rien que de l'énerver et elle n'arrête pas de casser des vases pour se calmer. Furieuse que son Jules ose douter de la grandeur de son peuple, la belle lui fait donc le pari que ce dernier peut lui construire le plus somptueux des Caesar-Palaces en plein désert dans un délai record de trois mois. Elle confie l'impossible tâche à Numérobis, un architecte égyptien avant-gardiste qui si il réussit sera couvert d'or mais si il échoue sera jeté aux crocodiles royaux et affamés. Une seule solution pour lui, faire appel aux vieilles relations de son papa à savoir une bande de gaulois irréductibles qui détiennent la seule arme pour relever le défi, la fameuse potion magique. Mais la route est longue et Amonbofis architecte officiel de la reine est bien décidé a faire échouer le projet.
Notre critique:
Lorsqu’il y a tout juste trois ans la première version cinématographique de la BD la plus célèbre du monde déferla sur nos écrans, compacte et violente fut la levée de boucliers qui se dressa pour fustiger le film (et j’en levai moi-même!). Sabotage et hérésie, comment osait-on toucher au sacré, et pourquoi pas Lucky Luke en patins à glaces pendant qu’on y était? (ah bon, ça aussi ils ont osé!), décidément ces français sont fous et ne respectent rien! Avec du recul et même si les sacro-saints objectifs du box-office furent remplis, il faut bien avouer que cette gauloiserie n’avait rien de subtil ni de digeste. La lourde dose de gags et la louchée d’effets spéciaux ayant tendance à fortement accrocher aux parois de la marmite.
Mais le temps passe, les colères s’atténuent et les esprits évoluent. Et voilà que l’on se surprend à trépigner de curiosité et d’impatience en attendant le nouveau volet des aventures de ces deux moustachus sympathiques. Mais si l’organisateur de ce nouveau banquet est toujours le même (Claude Berri) et que le budget est encore plus pharaonique (même en euros), le changement de traiteur et les modifications de la liste des invités ne sont pas pour rien dans le regain d’appétit pour cette deuxième fournée. Alain Chabat empereur du PAF et de la gaudriole décalée reprend donc le tablier de Claude Zidi , troquant par la même occasion la cochonnaille et le crachin breton pour les formes plus appétissantes d’une Monica Bellucci (en plus belle reine du monde) dans un décor « péplumesque » que n’aurait pas renié Cécil B. De Mille.
Au lieu d’aller piocher des bouts d’idées au gré des différents albums, Chabat préfère se concentrer sur un seul et sans doute le plus dépaysant visuellement. Et c’est justement là que réside la force de son film, car en choisissant de respecter fidèlement la trame et l’esprit de ses auteurs, il s’offre un boulevard pour y rajouter ses délires et sa patte personnelle sans pour autant faire perdre le fil du récit au spectateur. Tout en respectant et en rendant hommage à l’oeuvre originelle, l’ex-Nul n’en oublie pas pour autant ses propres références humoristiques. De la fausse pub à la parodie de film en passant par les clins d’oeil façon ZAZ (Zucker-Abrahams-Zucker, fondateurs de la série AIRPLANE) ou des Monty Python, les gags fusent, les anachronismes s’enchaînent et les jeux de mots pleuvent, le tout assaisonné avec la voix-off d’un certain Pierre Tchernia! Côté casting, si le premier volet faisait la part belle au duo Depardieu et Clavier, les deux gaulois sont ici volontairement effacés et emportés par une foule de personnages plus délirants les uns que les autres qui grouillent et se bousculent dans un joyeux et jouissif foutoir. Darmon, Debouzze, Baer, Dieudonné, LES ROBINS DES BOIS ou encore Chantal Lauby, ils sont venus ils sont tous là. Pas un pote ne manque à l’appel, sans compter une pléiade de guests juste pour le plaisir de nous faire jouer à chercher qui se cache derrière la toge ou le casque (à ce propos si vous trouvez qui se cache sous la perruque du générique final, bravo).
Devant tant de talent et d’énergie pour ce pari audacieux on serait presque tenté de dire de cette MISSION CLEOPATRE qu’elle est accomplie. Pourtant c’est justement ce qui fait son succès qui risque d’en agacer certains. Si Alain Chabat a su dépoussiérer avec brio le côté franchouillard qui plombait le premier volet tout en restant fidèle à l’oeuvre d’Uderzo et de Goscinny, son humour « nullesque » n’a pas que des adeptes et sa tendance à surenchérir dans la profusion peut parfois donner le tournis et casser le rythme. Abstraction faite de l’aspect chantier artistico-médiatico-financier impressionnant et discutable son ASTERIX n’en reste pas moins un grand vrai divertissement populaire et familial qui sans conteste ramenera légion de spectateurs pour le couronner de lauriers.