Equipe:
Durée : 134’
Genre:
Date de sortie: 21/01/2003
Cotation:
Si vous avez manqué le début:
Inspecteur de police blasé, Pascal Manise na pas détats dâmes dans son travail. Pour permettre à Agnès sa femme morphinomane de ne pas être en manque ou de sombrer dans la déchéance, il est parvenu à un accord avec Jacquillat, le parrain local qui lui fournit ses doses en échange de son silence sur ses activités illégales. Grâce à ce chantage, Agnès continue à travailler et à vivre presque normalement, tout en prenant soin de ne jamais sortir accompagnée de Pascal ou de fréquenter les mêmes amis. Pourtant un jour elle lui présente Cécile une de ses collègues de travail qui cherche quelquun pour filer son mari quelle soupçonne dêtre infidèle. Pascal accepte de laider alors que dans le même temps lui est confiée lenquête sur lévasion de Bruno Le Roux, un dangereux activiste gauchiste également en contact avec Jacquillat.
Notre critique:
Vous ne vous êtes jamais demandé en visionnant un film ce que figurants ou personnages secondaires pouvaient bien farfouiller hors champ de la caméra et quel goût aurait eu l’histoire si elle avait été traitée de leur point de vue? Eh bien pour faire simple, disons que c’est un peu ce genre de questions qui ont amené notre compatriote Lucas Belvaux à s’aventurer dans le pari risqué et audacieux d’une trilogie singulière où chacune des histoires racontées peut en cacher et en croiser une autre. Ecrits et tournés simultanément dans les mêmes endroits sans modifier le jeu des acteurs mais sous des angles différents en fonction des scènes de chacun des films, UN COUPLE EPATANT (la comédie), CAVALE (le thriller politique) et APRES LA VIE (le mélodrame), racontent dans une même unité de temps l’histoire de trois couples confrontés à leurs doutes et illusions, politiques, amoureuses et existentielles.
Trois films donc, en forme de comédie humaine à géométrie variable, trois univers qui s’entremêlent et trois styles distincts qui s’emboîtent et dialoguent entre eux. A la fois indépendant, disparate et complémentaire des deux autres, chaque volet en jouant sur l’effet loupe et simultanéité propose une lecture nuancée et différente de situations, les personnages principaux d’un épisode devenant les secondaires de l’autre et vice versa. Du coup de l’un à l’autre une parole échangée, un geste, peuvent prendre des connotations et des significations complètement opposées pouvant passer de la comédie au drame à la manière d’un kaléidoscope qui transforme se qu’il montre à mesure qu’il progresse. Seulement voilà, chaque film pouvant être vu de façon autonome, ne sachant pas par quel bout vous déciderez de vous attaquer au morceau et si vous aurez assez d’appétit pour tout engouffrer, pas facile de vous livrer un mode de dégustation pour apprécier cette trilogie d’inégale saveur. Voici donc quelques conseils purement suggestifs sachant que dans ce cas précis il existe autant de vérités que de regards individuels.
Présentant tous les personnages sans vraiment anticiper sur les deux autres films, UN COUPLE EPATANT semble le plus approprié en guise de mise en bouche. Comédie vaudevillesque légère et burlesque orchestré sur le comique de situation, les malentendus et les quiproquos, malgré quelques baisses de régime et son coté superficiel, elle permet néanmoins d’ébaucher les détours et de régler la mécanique pour les épisodes suivants (à condition bien évidemment de sortir de la projection avec un minimum les neurones en ébullition). Désenchanté et beaucoup plus grave, CAVALE si il ne prête plus à rire du tout, lève en revanche le voile sur les petits mystères et incompréhensions qui avaient pu nous gêner précédemment. Le couple François Morel / Ornella Muti a laissé la place à Lucas Belvaux lui même et Catherine Frot pour mieux nous faire découvrir le noirceur cachée de tous ces évènements. Le ton est désormais pesant et chargé de non-dits qui malheureusement se perdent un peu dans des sous-intrigues confuses et redondantes. Enfin, APRES LA VIE, porté à bras-le-corps par une Dominique Blanc poignante et un Gilbert Melki à des années lumières de LA VERITE SI JE MENS, fait sombrer le tout dans le mélodrame, jouant coûte que coûte la carte de l’émotion au risque de flirter un peu trop dans le pathos appuyé. Le meilleur volet pour certains le plus horripilant pour d’autres, question de glandes lacrymales
Au final et en conclusion, isolés et hors contexte de cette trilogie un peu trop gourmande, il faut bien admettre que chacun des volets n’est pas toujours des plus captivants pour emporter l’adhésion. D’un point de vue cinématographique il faut également reconnaître que la mise en scène et le traitement de l’image ne sont pas franchement des plus audacieux et que le bon vieux téléfilm diffusé en prime time n’a rien à leur envier. En revanche si l’on juxtapose au moins deux épisodes, le goût d’inachevé, le montage souvent hasardeux et les transitions parfois artificielles, s’estompent pour laisser place à une expérience ludique voire même réjouissante. Mais ce genre d’exercice de style n’est-il pas un peu une incitation à la consommation? Trois films pour passer d’un registre à l’autre c’est un peu beaucoup penseront certains, surtout lorsque de brillants réalisateurs parviennent à la faire en un seul.