120 Battements par Minute
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120 battements par minute

par Eric Van Cutsem
Publié: Dernière mise à jour le

Equipe: Adèle Haenel, Arnaud Valois, Nahuel Pérez Biscayart, Philippe Mangeot, Robin Campillo
Durée : 140’
Genre: Drame
Date de sortie: 23/08/2017

Cotation:

5 sur 6 étoiles

Si vous avez manqué le début:

Act Up a été créée en 1989. C’est une association d’activistes qui lutte pour les droits des personnes atteintes du SIDA. Si vous faites partie d’Act Up, vous passerez aux yeux des médias et du public comme des séropositifs même si ce n’est pas le cas...

 

Notre critique:

Lors du dernier Festival de Cannes, 120 BATTEMENTS PAR MINUTE a beaucoup fait parler de lui. D’abord parce que c’est un film engagé sur un sujet toujours difficile, parce que son casting passionné a magnifiquement défendu le sujet et le film lors du festival, ensuite parce que la presse française a été dithyrambique, et enfin, parce qu’il a obtenu le Grand Prix du Jury présidé par un Pedro Almodovar conquis par le film (il lui aurait bien donné la Palme d’Or).

Et il faut dire qu’une grande partie de l’intérêt du film repose sur la façon dont son réalisateur Robin Campillo (membre d’Act Up en 1992), aussi auteur de ENTRE LES MURS ou de l’excellent EASTERN BOYS, et son scénariste Philippe Mangeot, ex-président d’Act Up, entraînent le spectateur sur les traces de l’association, et sur le fonctionnement interne de celle-ci qui tentait par tous les moyens -y compris ceux illégaux- de faire prendre conscience au public, mais aussi au politique, du drame qui était en train de se dérouler.

Sans hypocrisie, sans faux semblants, les deux hommes décortiquent pour nous dans la première partie du film les mécanismes de fonctionnement d’une association qui en rappelle d’autres (par exemple Greenpeace dans un tout autre domaine mais dans un mode d’action souvent similaire) et démontrent aussi à quel point les autorités sanitaires de l’époque étaient en décalage avec le sentiment d’urgence des séropositifs et de leurs proches.

La deuxième partie du film commence lorsque Sean, le protagoniste principal, malade, ne supportant plus ce qu’il voit comme une trahison d’Act Up face aux engagements de l’association, quitte cette dernière et se réfugie chez lui avant de se retrouver à l’hôpital. Et hélas, cette deuxième partie, même si elle est très forte (et très crue), et portée par la volonté du réalisateur de dénoncer l’horreur de la maladie, convainc beaucoup moins que l’étude minutieuse d’Act Up de la première partie.

Car on pense alors inévitablement au film de Cyril Collard, LES NUITS FAUVES, réalisé en 1992, véritable cri de désespoir jeté à la tête du public en plein milieu des années SIDA, et la comparaison rend alors difficile (même plus de 25 ans plus tard!) la pleine appréciation de ce final de 120 BATTEMENTS PAR MINUTE.

Mais même si cela ainsi que le rythme pas toujours bien maîtrisé de la mise en scène, entache un peu notre enthousiasme pour le film, 120 BATTEMENTS PAR MINUTE, interprété par le trio Nahuel Pérez Biscayart, Arnaud Valois, Adèle Haenel avec une fougue qui ne peut emporter que l’adhésion du public,  est un film indispensable, surtout de nos jours où la terrible maladie est un peu mieux maîtrisée, un peu oubliée par les médias, mais certainement pas éradiquée.

 

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