80e Festival du Film de Venise: Jour J+9

Hors-saison

Vendredi 8 septembre. Dernier jour de Festival pour moi avant le départ demain. Notre coloc va aussi se vider puisque 3 personnes s’en vont aujourd’hui. L’un part vers Budapest pour un mariage familial, les 2 autres repartant en Belgique pour un mariage le samedi. Le mariage serait-il incompatible avec le cinéma?

Dernier jour de réveil à 6h. Etant pas mal fatigué, cette fois, c’est mon réveil qui me fait lever d’un bond à 6h15. Tout le monde dort encore. Je pense que nous sommes tous fatigués.

Ablutions, ruelles, vaporetto et pas de file (comme depuis 2 jours d’ailleurs). Petit déjeuner au Lido où il y a des brioches, des muffins (si vous voulez prononcer à l’italienne, dites « maffins ») le tout « al cioccolato ». Ils nous font ça sans doute pour mon dernier jour.

4 films aujourd’hui pour finir en douceur mais en beauté quand même. Car si le jour précédent était un peu décevant, celui-ci sera plus surprenant (positivement).

Le premier film est à la sala Darsena (comme d’habitude). Il s’agit de MEMORY, le nouveau Michele Franco, réalisateur mexicain de NUEVO ORDEN ou de SUNDOWN. Souvent très démonstratifs, les films de Franco touchent à des sujets forts (la lutte des classes notamment). Pour ce MEMORY, il s’attache plus aux personnages et à l’intrigue qu’à la mécanique du récit. Le film démarre par une réunion des A.A. dans lequel on suit Sylvia, une femme qui vit avec sa fille Anna et que l’on sent fragilisé bien au-delà de son problème d’alcool.

Peter Sarsgaard et Jessica Chastain dans MEMORY

Le passé va resurgir pour Sylvia sous la forme de Saul, un homme atteint de démence. Le film est parfaitement maîtrisé, le récit est complexe, l’interprétation solide que ce soit Jessica Chastain (Sylvia) ou Peter Sarsgaard (Saul). C’est un virage pour Michel Franco et une belle réussite qui aborde une thématique difficile, celle de l’abus des enfants.

10h15 et brève interruption avant de retourner en sala Darsena à 11h pour voir le nouveau Stéphane Brizé (LA LOI DU MARCHE, EN GUERRE, UN AUTRE MONDE), HORS-SAISON, co-écrit avec Marie Drucker. Hors-saison fait référence à la fois au fait que Mathieu, acteur renommé se retrouve dans un hôtel de balnéothérapie en hors saison et que deux êtres, Mathieu et Alice, se rencontrent chacun en dehors de leur mariage.

On pourrait dire que Brizé fait son « un homme et une femme » à lui tant il y a dans son film ce même face à face amoureux, cette rencontre improbable de deux êtres et cette même délicatesse dans le traitement. Encore une très bonne surprise que ce film en cette fin de festival d’autant qu’Alba Rohrwacher mériterait bien un prix d’interprétation pour sa très bonne prestation face à Guillaume Canet.

Il est 13h lorsque je sors. Je me mets directement à l’écriture car j’aurai à peine 3h30 pour manger et faire ma chronique.

C’est à 16h45 que je me dirige vers la sala Corinto, un des autres blocs rouge dressé spécialement pour faire office de salle de cinéma au milieu d’une piste de… vélodrome!

Sala Corinto avec en avant plan la piste du vélodrome!

Je vais voir un documentaire de Virginia Eleuteri Serpieri (qui pourrait être la fille du dessinateur de BD de Druuna, Paolo Eleuteri Serpieri), AMOR (qui se lit Roma à l’envers). Partant des photos trouvées dans l’appareil photo de sa mère qui s’est suicidée suite à une dépression, Virginia fait un tour de la ville de Rome où sa mère vivait. Film très « arty », le doc est un peu long et résonne difficilement chez les spectateurs. Et je ne sais toujours pas si Virginia est la fille de Paolo…

Sorti à 19h, j’ai deux bonnes heures pour profiter de l’air marin et doux de la place en face du Palazzo del Casinò. L’air est empli des dernières rumeurs de cette 80e Mostra et je repose mes yeux et mon esprit avant d’aborder le dernier film de ma sélection. Après celui-ci, j’aurai vu 44 films durant ces 10 jours! Que du bonheur!

Le dernier film est à 21h à la sala Giardino, encore un grand cube rouge posé à côté du palazzo Casinò. Il s’agit d’un film ukrainien, FOREVER-FOREVER. Comme il est en séance publique, il y a des invités, notamment les 2 interprètes féminines principales sur leur 31 pour l’occasion!

FOREVER-FOREVER suit Tonia, une nouvelle élève qui arrive en cours d’année dans une école de Kiev et qui s’intègre relativement facilement avec une bande d’élèves sympas et turbulents. Jeune fille très libre et très délurée, Tonia est harcelé par un voyou plutôt du genre méchant de son ancien lycée.

Premier long métrage d’Anna Buryachkova, le film fait bien sûr penser à tous les films de banlieue depuis LA HAINE jusqu’à MISERABLES de Ladj Ly ou autre BANLIEUE 13. Sexe, violence, drogues et beuveries se succèdent et deviennent vite répétitifs dans un film qui n’évite pas les clichés de toutes sortes et qui reste peu intéressant même si ces interprètes sont tous très crédibles dans leurs rôles et même si la réalisation (pour un premier film) mérite l’attention.

L’Ukraine méritait peut-être mieux qu’un sujet de ce type comme représentation à Venise.

Je sors vers 22h50 pour me diriger avec nostalgie vers mon dernier vaporetto de retour vers Venise. La nuit est chaude mais un vent frais souffle sur le pont du bateau.

Et la lune se reflète pour la dernière fois sur la lagune à Venise.

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