Jeudi 31 août. Première grosse journée en matière de films attendus! DOGMAN de Luc Besson, FERRARI de Michael Mann, BAASTARDEN avec Mads Mikkelsen et le dernier court métrage (37 minutes) de Wes Anderson. Cela devrait le faire!
Le rituel du matin commence à se mettre en place: debout 6h, laver, préparer, ruelles, vaporetto 20, petit dej devant le palazzo del Casinò et séance dans une des 2 glaciaires de service: sala Darsena ou sala Grande.
Ce matin à l’inverse de mes confrères et consoeurs belges, j’avais choisi de faire DOGMAN en premier et FERRARI en second et donc les deux dans la sala Grande (dans la sala Darsena, c’était l’inverse). Une raison pour ce choix? Commencer par celui qui, sur le papier devait être le moins bon des deux. Quand on fait plusieurs films sur une journée, si l’on commence par le meilleur, tous les autres risquent d’être fades même si ils sont bons. Cela s’appelle la stratégie festivalière du critique de films (je viens d’inventer le terme, mais ça fait très pro, je trouve).
Or donc, brioche al ciocolato avalée, direction la sala Grande pour DOGMAN. Le dernier Besson. On ne parlera pas ici de la controverse qui touche Besson, Polanski ou Woody Allen mais plutôt de leurs films présents à Venise. Si vous voulez en savoir plus sur ces controverses, fouillez le net, vous trouverez facilement.
DOGMAN raconte la capture par hasard d’un homme, Douglas, semblant dérangé, nommé Dogman parce qu’il dirige une bande de chiens qui lui obéissent au doigt et à l’oeil. Film en forme de récit à partir de l’interview en prison de Douglas par une psy, DOGMAN se laisse regarder, sonne franchement creux et a un air de déjà-vu sur le personnage principal et le type de narration. Sur le personnage, le film surfe sur la vague des Joker et autres psychopathes à l’enfance malheureuse. Caleb Landry Jones (THREE BILLBOARDS OUTSIDE EBBING, MISSOURI) fait une belle prestation dans le rôle de Douglas et gageons en plus que pas mal de spectateurs et spectatrices apprécieront le rôle vengeur des chiens qui sont largement mis en avant sur ce film.

Vous l’aurez compris, cela risque de marcher au cinéma lors de la sortie mais ce n’est pas ça qui va révolutionner le monde des salles obscures.
2 heures de films, donc sortie vers 10h30. Il est à remarquer que Venise est plutôt bien rodé en ce qui concerne les horaires, et il y a rarement des retards (au maximum quelques minutes). Dehors le soleil fait enfin son apparition sur Venise et la chaleur s’intensifie dès que l’on sort des salles. Juste le temps pour boire un verre, et faire ce que la nature nous impose de faire, avant de filer à nouveau vers la sala Grande vers 10h50 pour la séance de 11h.
Séance très attendue puisqu’il s’agit du film FERRARI (une voiture chère aux italiens) de Michael Mann (un réalisateur cher aux cinéphiles) à qui l’on doit notamment HEAT (rencontre Pacino – De Niro) ou encore PUBLIC ENEMIES avec Johnny Depp. FERRARI est un biopic dans le sens traditionnel du terme et de ce côté-là, il ne surprend pas vraiment. La mise en scène de Michael Mann est sans faute, la tension est omniprésente et les 2h10 du film passent sans problème! Le film parle bien sûr mécanique mais oriente surtout sa thématique sur les affaires de coeurs (complexes) et de famille (complexes aussi) de Enzo Ferrari, le Comandatore. Sa double vie avec 2 femmes et deux fils, sa relation difficile avec son épouse (jouée par Pénélope Cruz) qui tenait les cordons de la bourse et la perte d’un de ses fils, tout est mis en avant dans cette biographie et c’est certainement ce qui donne au film un petit plus. Adam Driver (qui semble abonné aux rôles d’italiens, on se rappellera de GUCCI) interprète Enzo et donne au personnage et au film un boost de classe et de force qui n’est pas négligeable. A remarquer aussi les très beaux rôles de femmes (Shailene Woodley, Penelope Cruz) qui, dans l’ombre, ont oeuvré à la réussite de la firme au cheval.
Il est 13 heures lorsque l’on sort de la projection. Je rattrape mes collègues qui tentent d’assister à la conférence de presse du même FERRARI, sans trop d’illusions faut-il dire, les badges rouges (des quotidiens) étant prioritaires sur les bleus (des périodiques), les nôtres. Finalement, nous nous rabattrons sur un repas bien mérité avant de filer en vaporetto à notre coloc pour une après-midi rédactionnelle!
En passant dans la lagune, on constate que Batman est de passage avec son BatBoat garé juste à côté de son BatSub.

On reprend le vaporetto dans l’autre sens pour la séance vers 18h15 pour rejoindre d’autres collègues en train de siroter leur apéro spritz et leurs pizzas.
A 19h45, on avance calmement vers la sala Darsena pour aller voir BASTARDEN (traduit à l’international par THE PROMISED LAND), un film danois avec le génial Mads Mikkelsen. Film historique qui déroule son récit dans le milieu du 18e, BASTARDEN est assez convenu comme film historique mais sa violence et son âpreté traduit somme toute plutôt bien la lutte des classes qui a lieu à ce moment-là au Danemark. Belle plongée dans une culture pas si loin de nous mais qui à l’époque semble très différente de la nôtre au même siècle, le film raconte l’histoire d’un capitaine de l’armée, Ludvig von Kalhen, décoré, mais d’extraction modeste et bâtarde, qui pour sa retraite compte bien s’établir et cultiver un lopin de lande réputée non cultivable. Son installation ne va pas se passer sans heurts avec le noble sadique du coin, interprété par Gustav Lindh (THE NORTHMAN) avec, on le sent, un plaisir non dissimulé. Rassurez-vous le sadique paiera à la fin…

2h07 de film, donc sortie vers 22h10 pour voir à 22h30 le court métrage (37 minutes) de Wes Anderson, THE WONDERFUL STORY OF HENRY SUGAR, court qui sortira bientôt sur Netflix.
Le film est projeté dans la sala Darsena à nouveau. Il s’agit d’un récit conté sans discontinuer par différents protagonistes de l’histoire avec toute la maestria d’Anderson côté images. Mais la logorrhée dans le film est très fatigante et les heures de salle aidant, j’ai piqué de la tête plus que je n’aurais dû. Dommage sans doute.
Près de 23h15 à la sortie et l’on file tous en 4e vitesse pour se retrouver devant une file gigantesque qui attend le vaporetto. Je repère un collègue dans la file et je gagne 2 vaporettos d’attente se faisant (bon d’accord, ce n’est pas très beau mais la fatigue justifie tout). Dans le bateau bondé, la sueur des dessous de bras d’une journée en salle envahit rapidement l’atmosphère rendant le voyage nauséabond et plus difficile que d’habitude.
Brossage de dents rapide, recharge du matériel pour le lendemain et dodo rapidement car demain, il faudra être au taquet pour les réservations en ligne pour les séances du 4, 5 et 6 septembre à partir de 6h30. Il semble que Vivaticket, le service de réservation, a admis (et s’est excusé) avoir eu quelques problèmes (bel euphémisme pour ma précédente réservation qui a pris 3h le lundi avant le festival) lors des réservations précédentes.
Et la lune se reflète sur la lagune comme tous les soirs à Venise.