Zombi Child
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Zombi Child

par Eric Van Cutsem
Publié: Dernière mise à jour le

Cotation:

5 sur 6 étoiles

Si vous avez manqué le début:

Haïti, 1962. Un homme prépare une poudre étrange à base de poisson qu’il vient mettre dans la nourriture d’un autre homme provoquant son décès. Après l’avoir enterré, des hommes viennent le déterrer...

 

Notre critique:

Bertrand Bonello est un réalisateur à part dans le cinéma français. Ses sujets tournent souvent autour de la sexualité (sans jamais tomber dans le voyeurisme) et sont pour la plupart très originaux. Que ce soit LE PORNOGRAPHE, DE LA GUERRE, L’APOLLONIDE ou même SAINT LAURENT, tous ces films ont des sujets originaux, des récits sophistiqués et impliquent soit directement soit indirectement la sexualité des personnages.

Pour son huitième film, ZOMBI CHILD, Bertrand Bonello aborde une nouvelle fois un sujet différent, prouvant encore son éclectisme, et s’attaque au mythe du zombie, très en vogue depuis la série The Walking Dead. Bien sûr, il fallait s’attendre à ce qu’il traite le sujet en dehors des sentiers battus par tous les films et toutes les séries récentes.

Pour ce faire, il a décidé de remonter aux origines du mythe, le vaudou, et de mêler ces origines aux temps modernes. Il rend ainsi un hommage vibrant aux premiers films de zombies (avant les premiers Romero) comme WHITE ZOMBIE (1932) de Victor Halperin ou VAUDOU de Tourneur en 1943, mais multiplie aussi les thématiques autour du sujet.

Ainsi, plutôt que de s’appesantir sur le seul thème du Zombie qu’il développe dans le Haïti des années 60, Bonello a l’intelligence d’utiliser le sujet pour nous conter une histoire empreinte de modernisme dans un collège de jeunes filles.

Mais pas n’importe quel collège de jeunes filles, un collège créé en 1804 uniquement pour jeunes filles dont les parents ont été décorés par le gouvernement français (Légion d’honneur, mérite, etc), un collège où la notion de sororité est forte, un collège avec des traditions, et donc avec un potentiel fantastique et ethnographique certain.

Et à nouveau, en manipulant ces deux espaces-temps, le réalisateur-scénariste nous ballade dans son conte qui prend par moment des airs à la PICNIC AT HANGING ROCK, jouant sur le mystère de ses jeunes adolescentes cherchant l’amour, pour nous parler de liberté, de désir, de mystique sans jamais être redondant.

Non content de se servir des années 60 à Haïti et puis de notre présent en France, Bertrand Bonello amène peu à peu le Haïti contemporain et celui de 1980 dans le récit pour mieux tisser une toile ethnographique et historique au travers de l’espace et du temps, pour faire appréhender au spectateur tout le fantastique qui se mêle au réel au fil de l’Histoire.

Présenté à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes cette année, ZOMBI CHILD est un bijou touchant au fantastique, habilement mis en scène et scénarisé, au casting débutant mais parfaitement dans le ton et avec une bande son concoctée par Bonello mélangeant musique tribale et Damso avec beaucoup d’élégance. Un film complet pour un public qui aime aborder différentes thématiques au cinéma, à ne pas rater que vous aimiez ou non le cinéma de genre!

 

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