The Power of the Dog

The Power of the Dog

Cela fait un moment qu’on n’avait plus eu droit à un film de Jane Campion. Douze ans très exactement puisque BRIGHT STAR date de 2009. Voici qu’elle est de retour avec THE POWER OF THE DOG, adaptation du roman de Thomas Savage. Le film est produit par Netflix et jouit d’un très solide casting composé de Benedict Cumberbatch, Kirsten Dunst, Jesse Plemmons et Kodi Smitt-McPhee

Originaires du Montana, les frères Phil et George Burbank sont diamétralement opposés. Autant Phil est raffiné, brillant et cruel – autant George est flegmatique, méticuleux et bienveillant. À eux deux, ils sont à la tête du plus gros ranch de la vallée du Montana. Une région, loin de la modernité galopante du XXème siècle, où les hommes assument toujours leur virilité et où l’on vénère la figure de Bronco Henry, le plus grand cow-boy que Phil ait jamais rencontré. Lorsque George épouse en secret Rose, une jeune veuve, Phil, ivre de colère, se met en tête d’anéantir celle-ci. Il cherche alors à atteindre Rose en se servant de son fils Peter, garçon sensible et efféminé, comme d’un pion dans sa stratégie sadique et sans merci…

Quel plaisir de voir Jane Campion de retour avec un film d’un tel calibre. THE POWER OF THE DOG va marquer les esprits, c’est certain et on pourrait en reparler très vite, dès la fin de la Mostra, tant une présence au palmarès ne serait pas volée (c’est facile de dire ça en début de festival, certes). Mais pourquoi ce film va-t-il tant faire parler de lui? 

THE POWER OF THE DOG n’est pas un western classique. On est loin de ce qu’ont pu faire les les américains ou les italiens par le passé. C’est un vrai drame/thriller et slowburn qui a pour contexte le western. Au fil des chapitres, on découvre les différents protagonistes. Les deux frères Phil et George, leur façon de gérer leur ranch et puis, plus tard, Rose et son fils Peter qui vont s’immiscer dans la vie du ranch. Peu de personnages mais tout de même pas mal d’histoires qui les concernent. Malgré le rythme assez lent, Campion jongle avec tous ces changements et ces développements. Quitte à s’y perdre parfois et à faire quelques raccourcis malheureusement nécessaires. 

La première heure n’est pas la plus facile et en déconcertera plusieurs. Elle prend vraiment son temps. Où va la narration? Quel est véritablement le sujet? Peu importe en vérité car l’écriture est de qualité. Il y a un gros travail sur les cadrages et la composition des plans.

Kristen Dunst dans THE POWER OF THE DOG

Quand la deuxième heure démarre, les objectifs s’éclaircissent. On commence à voir la direction dans laquelle le récit se dirige et force est de remarquer que la direction est belle. Une intensité rare règne, le moindre événement est source de stress, de tension. 

Malgré cette première heure de film plus difficile, les spectateurs ne peuvent qu’être happés par le spectacle qui se joue devant leurs yeux. La photographie d’Ari Wegner subjugue, servant parfaitement les cadrages de Campion tandis que la musique de Jonny Greenwood (décidément l’un des compositeurs les plus excitants de ces dernières années) termine d’hypnotiser. 

Autre gros plaisir, le casting bien entendu mais, surtout le fait de voir Benedict Cumberbatch jouer un méchant. Il incarne un type imbuvable, sans aucun respect. Voir Cumberbatch jouer dans ce style est rare et carrément jouissif. Dans le rôle du frangin, on retrouve Jesse Plemmons qui, décidément, ne fait que de bons choix de carrière. Il en impose et apporte sa sensibilité qu’on commence à bien connaître. Dans le rôle de Rose, la future épouse de son personnage, Kirsten Dunst, sa femme à la ville. Quiconque connaît un peu la carrière de Dunst sait à quel point sa carrière est remarquable aussi et THE POWER OF THE DOG ne fait que confirmer cela. Enfin, dernier rôle d’importance, celui de Peter. Kodi Smit-McPhee a le physique de l’emploi. Son physique maigrichon se prête parfaitement à son rôle et il apporte toute l’ambiguïté nécessaire pour le ton du film. 

Cette critique a été écrite plusieurs heures après la vision du film. Il va sans dire qu’elle n’est pas parfaite et pour cause, c’est un film qui grandit avec le temps et qui gagne à être apprécié avec le temps. Quoi qu’il en soit, on peut d’ores et déjà dire que c’est un grand film. Un très grand film même. 

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