Titre français : La Mule
Equipe: Andy Garcia, Bradley Cooper, Clint Eastwood, Dianne Wiest, Laurence Fishburne, Michael Peña, Taissa Farmiga
Durée : 116’
Genre: Drame policier
Date de sortie: 23/01/2019
Cotation:
Si vous avez manqué le début:
À plus de 80 ans, Earl Stone est aux abois. Il est non seulement fauché et seul, mais son entreprise risque d'être saisie. Il accepte alors un boulot qui –en apparence– ne lui demande que de faire le chauffeur. Sauf que, sans le savoir, il s'est engagé à être passeur de drogue pour un cartel mexicain.
Extrêmement performant, il transporte des cargaisons de plus en plus importantes. Ce qui pousse les chefs du cartel, toujours méfiants, à lui imposer un "supérieur" chargé de le surveiller. Mais ils ne sont pas les seuls à s'intéresser à lui: l'agent de la DEA Colin Bates est plus qu'intrigué par cette nouvelle "mule".
Entre la police, les hommes de main du cartel et les fantômes du passé menaçant de le rattraper, Earl est désormais lancé dans une vertigineuse course contre la montre...
Notre critique:
Depuis GRAN TORINO, la carrière de Clint Eastwood est en dents de scie. Il alterne bons et moins bons films avec tout de même une tendance un peu négative, en témoigne son four de l’an dernier, THE 15H17 TO PARIS. THE MULE semblait revenir à quelque chose de plus traditionnel, avec plus de potentiel pour livrer un film meilleur et, rapidement, c’est ce que le film semble confirmer.
THE MULE est basé sur un article publié dans le New York Times il y a quelques années. C’est l’histoire d’Earl, un grand-père qui a passé sa vie à s’occuper de son travail plutôt que de sa famille, au point de manquer le mariage de sa fille. Forcément, cela crée des relations on ne peut plus tendues. Au moment où la trame démarre, sa fille ne lui adresse d’ailleurs plus la parole depuis une quinzaine d’années. Se rendant bien compte qu’il a raté une bonne partie de sa vie familiale, il tente de se racheter en essayant d’être plus présent dans la vie de sa petite fille. Mais les années ont passé, internet a pris de l’importance et a mis son travail d’horticulteur en péril. L’argent manquant, il va falloir trouver une solution. Cette dernière, ce sera devenir passeur de drogue. Un simple trajet d’un point A à un point B. Simple, facile, bien payé et, qui irait soupçonner un nonagénaire ?
Vous l’aurez compris, cette histoire de passeur de drogue n’est finalement pas très importante. Ce n’est pas là que réside le cœur de l’histoire. Ce qui compte vraiment, ce sont toutes les relations qui gravitent autour d’Earl. Outre la relation avec sa petite-fille, il y a aussi celle avec sa fille, celle avec son ex-femme, celle avec le cartel, les petits bras mais aussi certains responsables importants voire très importants et, enfin, celle avec un agent du FBI qui le recherche.
Chaque rencontre fera l’objet de leçons, conseils ou morales. Ce qui a de la valeur, ce sont les relations humaines. Ces relations, Eastwood les a déjà pas mal explorées par le passé mais sans doute pas avec autant de recul et sensibilité qu’ici. Il y a de nombreux moments très émouvants susceptibles d’arracher quelques larmes aux spectateurs. THE MULE, c’est finalement le bilan d’une vie, le bilan d’un homme. Qu’est-ce qui a compté? Qu’est-ce qui a été gâché? Quelle sera la réaction de ses proches face à ses actes?
Retrouver Eastwood devant la caméra est un réel plaisir. Il incarne un personnage proche de celui de GRAN TORINO, aigri, un peu raciste, qui n’a pas spécialement le sens des priorités mais doté d’une certaine logique et, évidemment, des années d’expérience. Il est charmeur et attachant malgré ses défauts.
Sa fille est interprétée par sa propre fille, Alison Eastwood tandis que c’est la star montante Taissa Farmiga qui incarne sa petite fille. Laurence Fishburne, Michael Peña et Bradley Cooper font partie de l’équipe du FBI. Le chef du cartel est, quant à lui, incarné par Andy Garcia. Chacun d’entre eux réalise du très bon travail mais, celle qui épate complètement, c’est Dianne Wiest dans le rôle de Mary, l’ex-femme d’Earl.
La mise en scène d’Eastwood est toujours aussi affutée et précise. Il n’a rien perdu de son sens du rythme, prend son temps pour mettre son récit en place, sait donner de l’importance à des aspects qui paraissent plus anecdotiques et sait aussi donner du souffle au récit afin de le doser parfaitement.
Clint Eastwood est de retour en signant cette œuvre qui, malgré tout le classicisme qu’elle peut supposer, parvient à passionner et émouvoir les spectateurs. C’est une histoire humaine très réussie qui rassure.