Depuis quelques années déjà, Virginie Efira est passée doucement de la comédie (LES BARONS) ou la comédie romantique (30 ANS D’ECART), à la comédie dramatique (DEAD MAN TALKING) avant d’aborder de front le drame, le vrai avec des films comme ELLE ou UN AMOUR IMPOSSIBLE.
Avec POLICE, réalisé et scénarisé par Anne Fontaine, à partir du roman éponyme de Hugo Boris (2016), Efira continue sur sa lancée après SYBIL. Deuxième film qu’elle fait avec la réalisatrice après MON PIRE CAUCHEMAR, POLICE s’attache à un personnage féminin (comme souvent avec Anne Fontaine), Virginie, policière, qui est à un tournant de sa vie: entre son mari qui ne la supporte plus vraiment et un enfant adultérin qu’elle ne peut/veut garder.
Très réaliste, POLICE se veut une descente dans l’univers de cette femme au sein de son unité de police. Ses collègues, Erik et Aristide portent eux aussi, à leur façon, les fardeaux de leur profession qu’ils pratiquent pourtant avec sincérité et honnêteté.
Partant de trois points de vue différents qui illustrent à chaque fois par des flashbacks le passif du personnage. Reconstituant les antécédents des personnages sous forme de puzzle, Anne Fontaine prépare en fait le point d’orgue de son film: la reconduite à l’aéroport d’un immigré politique pour le ramener dans son pays, climax d’un malaise grandissant sur le sens de leur métier (ils ne sont pas sensés faire ce type de travail).
Si Virginie Efira compose un personnage très tourmenté, Omar Sy et Gregory Gadebois ne sont pas en reste. Et ce trio traduit parfaitement les non-dits qu’Anne Fontaine a glissé dans son scénario, non-dits qui sont réellement le point fort de POLICE car ils viennent parfaitement soutenir une narration plus concrète et plus réaliste.
Au final, POLICE est un film à la forme intéressante et à l’interprétation très juste. Assez original, le scénario laisse une part belle aux non-dits, enrichissant ainsi un récit qui montre les forces de l’ordre sous un jour plutôt inhabituel.