Passion simple

Passion Simple

Adapté du roman d’Annie Ernaux, PASSION SIMPLE est le cinquième long-métrage de la libanaise Danielle Arbid dont le dernier film, PEUR DE RIEN, date de 2015. La voici de retour avec un film présenté en compétition à San Sebastían et qui fait partie du label « Cannes 2020 ».

Tout est dans le titre mais il faut tout de même préciser qu’il s’agit d’une relation entre deux personnes qui ne sont pas disposées à pouvoir être ensembles. Alexandre est russe, a dans la trentaine, est marié et a une vie bien remplie auprès de l’ambassade russe à Paris. Hélène vient d’entamer sa quarantaine, a un fils à élever et sa vie de prof de poésie à la fac. Ils vivent pourtant une aventure particulière. Il lui sonne, il vient, ils consument leur passion, il repart. Puis, elle attend et ça recommence.

Alexandre ne quittera pas sa femme et Hélène le sait. Elle accepte la situation telle qu’elle est ainsi que les contraintes qui vont avec. C’est à dire que c’est toujours lui qui appelle pour venir, jamais l’inverse. En réalité, c’est interdit à Hélène d’interférer dans la vie d’Alexandre. Cela peut être difficile à comprendre mais il en est ainsi et le respect des règles fait que la relation fonctionne. Tout vacillement est un risque de déséquilibre or, ni lui ni elle n’en veut. Pourtant, cette relation ne va pas rester sur la situation idéale de départ car, à partir du moment où la dépendance entre en jeu…

Le regard d’Arbid sur ses personnages est toujours bienveillant et, malgré le côté déjà vu de l’histoire, on sent un petit quelque chose rafraichissant. Est-ce dû à la période actuelle ? Au fait que cela soit écrit par deux femmes (le roman puis le scénario) ? Sans doute un peu des deux et bien qu’Hélène se sente un peu enfermée dans la relation, qu’on sente qu’elle n’est pas satisfaite de la situation, dans sa façon de faire et dans ses répliques, il y a quelque chose de très féminin qui semble souvent manquer. Les dialogues sont sans doute le gros point fort du film. Quand l’aspect masculin du film, via le personnage d’Alexandre, ressort, Hélène parvient généralement à l’atténuer.

Laetitia Dosch (LES APPARENCES, NOS BATAILLES) et Serguei Polunin, avec leur metteuse en scène, ont réussi à créer cette alchimie ou, en tout cas, cette animalité nécessaire à rendre évidente et crédible cette passion. Ils sont beaux et Danielle Arbid les rend beaux, notamment grâce à ce magnifique grain de l’image et cette photographie léchée. L’émotion prend place naturellement, c’est juste dommage qu’elle soit parfois inutilement appuyée par les choix musicaux, notamment une version féminine de « Ne me quitte pas » de Jacques Brel ou encore du Bob Dylan qui ne rend pas le propos très fin.

Si ce n’est ce petit bémol, on ne peut que féliciter Danielle Arbid d’avoir réalisé une œuvre significativement plus forte, tant en émotion qu’en termes de mise en scène, que PEUR DE RIEN et on souhaite d’ores et déjà une belle carrière au film.

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Napoleon

Freelance