Titre français :
Equipe: Armando Espitia, César Diaz, Emma Dib
Durée : 78’
Genre: Drame historique
Date de sortie: 13/11/2019
Cotation:
Si vous avez manqué le début:
Guatemala, 2018. A l’Institut médico-légal, un jeune homme, dispose des ossements pour reconstituer un corps visiblement tué d’une balle dans la tête...
Notre critique:
Une Caméra d’Or suivi d’une nomination pour représenter la Belgique aux Oscars, c’est le chemin que suit NUESTRAS MADRES de César Diaz. Un an après GIRL, il suit un parcours identique. Mais d’où vient NUESTRAS MADRES? Son réalisateur est guatémaltèque, a étudié en France puis à Bruxelles avant de s’y installer définitivement. Après ses études et des courts-métrages, il s’est lancé dans la production de son premier long qui a connu les honneurs d’une sélection cannoise, à la Semaine de la Critique et qui a remporté dans la foulée la Caméra d’Or, prix qui récompense le meilleur premier film parmi toutes les sélections cannoises confondues. Autant dire que ce n’est pas rien et confère au film une certaine publicité.
Comme de nombreux pays latino-américains malheureusement, le Guatemala a connu une dictature militaire longue et douloureuse. Les morts et disparus ont été nombreux. Les blessures se referment difficilement et, pour y arriver, un travail de mémoire est nécessaire. Des fosses communes sont ouvertes, des corps déterrés et identifiés. C’est le postulat de NUESTRAS MADRES qui raconte l’histoire d’Ernesto, un jeune légiste qui, alors qu’il identifie des corps, pense avoir des informations pour retrouver son père, un rebelle ayant disparu durant la guerre.
La fracture est encore grave et douloureuse pour le peuple guatémaltèque. Un film comme NUESTRAS MADRES est donc un travail nécessaire pour tenter de panser les plaies. Au vu du sujet lourd, difficile et si marquant, il est évident que parler de tout cela est très personnel pour César Diaz. Ce n’est pas que le film de son réalisateur, c’est aussi celui de tout un peuple. César Diaz fait preuve de beaucoup de délicatesse pour aborder les conséquences de ce génocide. Il n’élude aucune question, aucun sujet difficile mais il le fait avec respect et de manière frontale. En choisissant de raconter cette histoire au travers du regard d’un jeune adulte est judicieux et permet d’aborder les choses avec du recul. Ernesto est un passeur de mémoire.
Contrairement à beaucoup de films à sujets forts, NUESTRAS MADRES ne se repose pas uniquement dessus. César Diaz fait preuve d’un grand talent de mise en scène et ce, dès la scène d’ouverture qui nous montre un squelette étendu sur une table dans un institut médico-légal. Via un traveling et quelques plans évocateurs Diaz montre toute la dureté de ce qui va suivre et tout cela avec une certaine beauté relativement paradoxale. Tout le film est de cet acabit, montrant ainsi que Diaz n’est pas là pour faire de la figuration mais qu’il possède bien un style propre.
NUESTRAS MADRES est une belle Caméra d’Or, un beau représentant de la Belgique aux Oscars et un beau film, tout simplement. C’est une œuvre poignante réalisée avec énormément de sensibilité, d’humilité. C’est l’éclosion d’un nouveau talent, celui de César Diaz qui, avec cette œuvre très personnelle, ne peut que toucher les cœurs. Souhaitons-lui un joli succès afin de pouvoir apprécier son cinéma durant de nombreuses années car, des talents pareils, il faut les encourager, tout simplement.