Falling

Falling

Viggo Mortensen est un comédien qui tourne relativement peu. On ne l’a d’ailleurs plus vu jouer depuis GREEN BOOK il y a deux ans et, avant ça, ses deux derniers films (FAR FROM MEN, CAPTAIN FANTASTIC) remontaient à quatre ans auparavant. Autant dire qu’il se fait rare et donc désirer. Voici qu’il a franchi le pas de la réalisation. FALLING est donc un nouveau challenge dans lequel il a également décidé de se donner un des rôles principaux et pour lequel il a aussi composé la musique.

Il s’agit de l’histoire de John Petersen (Viggo Mortensen) et son père Willis (Lance Henriksen). Le film raconte leur histoire de deux façons, lors de deux époques différentes. La première est quand John était enfant, la seconde est aujourd’hui, John est dans sa cinquantaine et son père est un vieil homme veuf. John est gay, Willis est très conservateur. Autant dire que leur relation est plutôt houleuse.

Dans la réalité, si Willis n’était pas son père, il l’aurait probablement éjecté de sa vie depuis bien longtemps. Willis est une personne véritablement épouvantable et totalement injuste envers son fils. Homophobe, raciste, misogyne, il coche à peu près toutes les cases du style et comme si ça ne suffisait pas, il commence à perdre la tête. Pour John qui est en train de l’aider à déménager de New York vers la Californie afin de le rapprocher de ses enfants, c’est un casse-tête et un parcours du combattant de tous les jours. Forcément, Willis change d’avis tout le temps, il ne se rend pas bien compte de ce qui se passe ou alors il s’en fout.

Malgré tout, FALLING nous montre comment ces êtres si différents, et qui ont pu être très proches malgré le sale caractère de John, font pour vivre ensemble. C’est aussi un film sur l’ouverture, celle dont Willis ne fait pas preuve, sur la violence, morale, physique et conjugale, sur le racisme et les discriminations en tous genres ou encore sur la responsabilité des membres d’une famille envers les ainés. Jamais John ou sa sœur n’envisagent d’abandonner leur père malgré tout ce qu’il leur en a fait voir. La question se pose pourtant.

Au vu du sujet, on aurait pu imaginer voir un film plus touchant que ce qu’il n’est réellement. Ça l’est, bien sûr, mais ça aurait pu aller plus loin. Sans doute que le film est à l’image de son réalisateur dans la vie de tous les jours : relativement sérieux, discret et dans la retenue. Il arrive tout de même à embarquer les spectateurs avec lui et certaines scènes sont très réussies, on aurait juste aimer être encore plus dans l’émotion par moments.

Mortensen a convié un casting absolument parfait pour l’épauler. Lance Henriksen, avec qui Viggo a tourné APPALOOSA, trouve ici l’un de ses meilleurs rôles depuis très très longtemps. C’est un comédien qui a été habitué aux seconds rôles toute sa vie, qui tourne toujours beaucoup mais qui a disparu de nos grands écrans. Il est ici tout simplement flamboyant dans ce rôle qu’on déteste viscéralement, mais qui parvient à toucher au cœur quand c’est nécessaire. Le rôle de Willis plus jeune est incarné par l’islandais Sverrir Gudnason. Il est tout aussi troublant et fait passer énormément de choses avec uniquement son regard. Terrifiant. Enfin, s’il faut évidemment féliciter tous les autres comédiens, le jeune Grady McKenzie (John enfant) est à féliciter tout particulièrement. On notera aussi le petit clin d’œil de Mortensen à l’un de ses réalisateurs fétiches. En effet, il a proposé à David Cronenberg un petit rôle et il fait donc une apparition sympathique et symbolique pour les cinéphiles.

Ce premier essai de Viggo Mortensen en tant que réalisateur est une réussite. Ce n’est pas parfait, certes, mais c’est sacrément encourageant et donne envie d’en voir plus. Mortensen fait preuve d’un joli savoir-faire d’écriture (il a aussi signé le scénario), d’une grande sensibilité et fait la part belle à ses comédiens. Il a fait une œuvre très juste et solide si bien qu’on lui souhaite une jolie carrière pour ses débuts comme metteur en scène.

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