Titre français : Docteur Sleep
Equipe: Carel Struycken, Ewan McGregor, Mike Flanagan, Rebecca Ferguson
Durée : 151’
Genre: Film fantastique
Date de sortie: 30/10/2019
Cotation:
Si vous avez manqué le début:
Floride, 1980. La petite Violet fait du camping en mobile home avec ses parents. Lors d’un arrêt en pleine campagne, elle rencontre une certaine Rose -The Hat- O’Hara, une magicienne qui voit en Violet, une enfant aux pouvoirs magiques...
Notre critique:
1980. Stanley Kubrick dévoile l’ultime film d’horreur fantastique, THE SHINING, inspiré d’un livre éponyme de Stephen King, écrit en 1977. A la sortie du film, King crie au scandale trouvant le film de Kubrick, trop cérébral, trop froid, trahissant son oeuvre phare.
Fin 2013, Stephen King publie la suite attendue de son premier roman, “Doctor Sleep”, centrée sur le personnage de Danny Torrance devenu adulte. Et c’est dès 2014 que la Warner commence à s’intéresser au projet, le scénario passant par plusieurs moutures avant que le projet soit confié à Mike Flanagan, réalisateur entre autres de JESSIE, une autre adaptation d’un livre de Stephen King.
Très vite, Flanagan annonce la couleur (qui plaît beaucoup aux studios Warner): le film sera bien une adaptation du bouquin mais rendra largement hommage au film de Stanley Kubrick. Et c’est là que la bât blesse justement…
Dès le générique, la musique d’intro de THE SHINING donne clairement le ton du film. Le spectateur assistera -qu’il le veuille ou non- à un hommage en forme de suite. Et disons-le d’emblée, c’est là que DOCTOR SLEEP loupe le coche, car les hommages de Flanagan sont appuyés et mal mis en scène. Et lorsqu’il s’agit de flashbacks, simples copier-coller de THE SHINING original, Mike Flanagan se paye le luxe de mettre des (mauvais) sosies de Jack Nicholson, Shelley Duvall et du jeune Danny Lloyd pour reconstituer des scènes du premier opus.
Si le début est exemplaire en étant une sorte de copie de bas étage de l’original, il est aussi une destruction de tout ce qui faisait la valeur de THE SHINING en expliquant tout ce que Kubrick avait laissé dans l’ombre pour en faire une oeuvre magistrale. On a ainsi droit à un court sur le “shining”, ce pouvoir que possèdent Danny et Hallorann, pouvoir qui finit ainsi d’être banalisé.
Et puis, DOCTOR SLEEP rentre après plus ou moins une demi-heure dans le vif de son sujet abandonnant heureusement son pesant hommage et se consacre au récit même de la suite de THE SHINING: cette bande de voleurs d’âme ou de voleurs de pouvoirs qui pourchasse les détenteurs du “shining” pour s’en nourrir et atteindre une forme d’immortalité. Cette partie centrale du film est plutôt sympathique et réussie, mise en scène honnêtement par Mike Flanagan, réalisateur de la très bonne série horrifique “The Haunting of Hill House”, qui enfin cesse de vouloir “faire du Kubrick” à tout prix.
Tout serait pour le mieux dans le meilleur des mondes si le final ne passait par l’obligatoire Overlook Hotel pour retomber dans la pire partie du DOCTOR SLEEP. Cette 3e partie est en effet un infâme brouet mélangeant à nouveau des copier-coller de THE SHINING avec des situations nouvelles copiant les images presque point par point de l’original (Ah, le Danny Torrance adulte qui regarde par la porte de la salle de bain fracassée préalablement à la hache imitant ainsi le plan de Nicholson cherchant Shelley Duvall et Danny Lloyd).
Bien sûr si l’on enlève la demi-heure du début et l’éprouvante demi-heure de la fin et si l’on est pas trop regardant sur un casting un peu trop rigide dans son jeu, les 1h30 du milieu sont à sauver! Enfin si Warner n’avait pas voulu profiter de ses droits sur THE SHINING pour essayer de vendre cette suite comme un hommage ou -pire- comme un nouveau THE SHINING, le spectateur aurait pu avoir un bon film fantastique…