Equipe: Louis Garrel, Marine Vacth, Mathieu Demy, Maïwenn
Durée : 90’
Genre: Drame
Date de sortie: 09/06/2021
Cotation:
Si vous avez manqué le début:
Le jour où Emir, le grand-père, véritable colonne vertébrale de sa tribu, décède, l’équilibre va être chamboulé. Les liens qui ne tenaient que grâce à sa présence vont se rompre.
Notre critique:
Son dernier film en tant que réalisatrice date de 2015, c’était MON ROI. Mais voici que Maïwenn a repris la caméra en main pour réaliser ADN, film présenté dans les festivals de la rentrée et qu’on découvre, pour notre part, à San Sebastían.
ADN est un film sur les origines, les liens familiaux, ce qui fait qu’une famille est une famille. Le jour où Emir, le grand-père, véritable colonne vertébrale de sa tribu, décède, l’équilibre va être chamboulé. Les liens qui ne tenaient que grâce à sa présence vont se rompre.
N’est-ce pas douloureux quand ces liens fragiles sont ceux entre une mère et sa fille par exemple ou entre deux sœurs. Outre les liens familiaux en tant que tels, ADN parle donc aussi des origines. Il est question ici d’une famille dont le grand-père est un immigré algérien. Ses enfants et petits-enfants sont tous français, le lien avec la terre natale étant relativement ténu. Le grand-père voulait s’intégrer de la meilleure façon possible, c’est pourquoi toute sa descendance se sent très française. Cependant, le décès d’Emir va remettre la question de l’identité au centre du débat et Neige, sa petite-fille, va vouloir renouer avec ses origines.
Ce n’est pas une autobiographie mais il est évident que Maïwenn s’est fortement inspirée de sa propre vie, de ses propres origines. Elle a les mêmes que Neige dans le film à savoir une partie algérienne et une autre vietnamienne du côté de son père. ADN rend donc hommage à ces gens issus de mondes culturels différents, au multiculturalisme qui nourrit des populations entières. C’est un rappel qui montre que personne ne vient d’un seul endroit, que ça n’existe pas quelqu’un « de souche ». C’est un bout de vie personnelle que Maïwenn a décidé de partager, peut-être aussi un voyage existentiel qui lui était nécessaire de faire.
Si les intentions sont parfaitement louables et acceptables, le résultat laisse tout de même un peu de marbre. Malgré le message universel, le côté très personnel du film garde les spectateurs à distance. Le film est très verbeux, à la limité de l’hystérique quand il s’agit de montrer les tensions familiales. Quand les deux filles d’Emir s’écharpent sur la couleur du tissu à mettre dans le cercueil, le message est clair, justifié et fait sens mais en tant que spectateur, on n’a pas envie de voir ce genre de choses. La partie sur les liens familiaux est pourtant celle qui fonctionne le mieux.
Là où le spectateur se perd, c’est avec celle sur la recherche des origines. Le film tourne en boucle sur les mêmes sujets inlassablement, et on ne peut que se désoler de voir ce sujet ô combien important être traité de façon si indigente. C’est d’autant plus dommage qu’il y a de très belles scènes, très fortes mais qui semblent presque venir d’ailleurs. On aurait souhaité que l’ensemble du film soit de cet acabit.
Malgré les nombreux et gros défauts d’ADN, Maïwenn montre tout de même qu’elle est l’une des réalisatrices françaises les plus importantes du moment. Sa proposition sur l’identité et les origines comporte de grands moments, tant d’un point de vue de l’émotion que d’un point de vue cinématographique mais l’ensemble reste bien trop bancal que pour parvenir à convaincre et emporter les spectateurs avec lui. Le potentiel était pourtant là, c’est d’autant plus regrettable.