Equipe:
Durée : 110’
Genre:
Date de sortie: 19/06/2001
Cotation:
Si vous avez manqué le début:
Sara est veuve et passe le plus clair se son temps le nez scotché devant lécran de sa télévision. Obsédée par lidée de participer à son émission de jeux favorite, elle décide de maigrir afin de pouvoir rentrer dans sa plus belle robe pour lévénement. Lancée dans un régime draconien, elle se fait prescrire par un médecin peu scrupuleux des coupe-faim bourrés damphétamines dont elle va vite devenir dépendante. Harry, son fils, est lui aussi accro, mais à lhéroïne, tout comme Marion, sa petite amie, et Tyrone, son pote avec qui il deale pour se payer ses doses, quand il ne vole pas la télé à sa mère dans lespoir den tirer quelques billets verts. Tous les quatre, en cherchant à sévader et à réaliser leurs rêves, vont senfoncer dans lenfer poisseux de la dépendance et de la déchéance. Inexorablement, ils plongeront tous dans la même direction : celle de lhorreur absolue.
Notre critique:
En 1998, avec un petit film indépendant complètement énigmatique et jubilatoire, Darren Aronofsky sessayait aux joies visuelles et narratives du cinéma. PI, pour ceux qui sen souviennent, nous entraînait au coeur de la théorie du chaos à travers les obsessions et la folie naissante dun jeune mathématicien, nous faisant découvrir par la même occasion un tout jeune réalisateur au talent prometteur. Présenté en sélection officielle hors compétition au festival 2000, son second rendez-vous avec la caméra fit leffet dun électrochoc au public cannois. Insupportable pour certains, indispensable pour dautres, autant dire que son adaptation du roman culte dHubert Selby Jr. était attendue avec impatience et appréhension, même si elle a mis le temps pour parvenir dans nos contrées.
Cest sous le soleil estival de Brooklyn que débute REQUIEM FOR A DREAM mais les rêves et linsouciance qui brillent dans le regard de ses personnages vont séteindre avec la saison. Lautomne installera vite leur manque et les angoisses, pour finalement laisser place à un hiver qui fera froid dans le dos. Cest à un aller simple pour les ténèbres que nous convie ce film : celui de quatre personnes qui, en cherchant à échapper à la réalité, à combler et nourrir un manque, vont, dabord lentement puis de plus en plus vite, glisser vers la déchéance physique, morale et mentale. Drogues dures, sexe, télévision poubelle ou encore nourriture, Darren Aronofsky ne fait aucune différence entre toutes ces formes de dépendance. Nous sommes tous accros à quelque chose et la société de consommation asservissante avec ses codes qui nous rongent y est pour beaucoup. Pour dénoncer ce mécanisme infernal et démolir cet « american dream » artificiel et ses icônes, il opte pour un trop-plein et une surenchère visuelle et sonore: séquences frénétiques accélérées, split-screens hystériques, images parallèles et syncopées, bande son obsédante. A mesure que le quatuor de personnages glisse et senfonce dans la dégradation et laliénation, de notre il à lécran la distance se réduit comme une peau de chagrin. Les sensations physiques et morales quils éprouvent deviennent alors nôtres. Construit comme un crescendo, le film atteint son paroxysme dans la dernière demi-heure, où leur calvaire sans fin se noie dans un déluge dimages insoutenables comme on a rarement pu en voir à lécran et qui laissent sans voix.
Film éclaté et explosé, trip visuel et chaotique, REQUIEM FOR A DREAM est fascinant et répugnant, un anti-TRAINSPOTTING qui ne cherche pas à faire de lil au spectateur. Cette expérience limite ne fera sans doute pas lunanimité, et même le camp de ses défenseurs admettra quil est difficile de laimer tant il est éprouvant et traumatisant. De la catégorie des uvres qui rendent malade, ce film nest pas à mettre dans toutes les mains. Mais si vous choisissez de vous linjecter, sachez que de toute façon vous en ressortirez forcément K.O. démotion et/ou de répulsion.