Titre français : Ivre D'Amour
Equipe:
Durée : 95’
Genre:
Date de sortie: 18/03/2003
Cotation:
Si vous avez manqué le début:
La vie de Barry est simple et sans surprises. Fabricant et fournisseur en accessoires publicitaires loufoques et sans intérêt, ce grand dadais trentenaire étouffé et accaparé par ses sept soeurs harpies depuis qu'il a poussé son premier cri, n'a jamais eu le temps de faire sa vie ou de tomber amoureux. En dehors de son travail, son seul centre d'intérêt semble être l'achat de boîtes de pudding afin d'en collectionner les bons de réductions dans l'espoir de cumuler des points pour gagner des miles d'avion gratuits. Un beau matin, alors qu'il étrenne un clinquant costume bleu électrique tout en sirotant son café matinal devant son hangar, une succession d'évènements insolites et imprévus vont chambouler le cours de sa morne existence.
Notre critique:
Désormais reconnu dans le milieu en seulement trois lettres (PTA), Paul Thomas Anderson a su en l’espace de trois films se tailler une solide réputation de réalisateur iconoclaste et inventif dont on reconnaît le style unique en cela qu’il change à chaque fois. Qu’il s’agisse du décapant et bouillonnant BOOGIE NIGHTS ou de l’ambitieux et surprenant MAGNOLIA, jusqu’à présent le jeune cinéaste prodige nous avait plutôt habitué à des films-fleuve aux scénarios riches et complexes, composés de personnages multiples. Du coup après une mémorable pluie de grenouilles on se demandait ce que cet insolite magicien de l’image allait encore pouvoir sortir de son grand chapeau.
Alors que nous étions parés à flirter avec trois heures de pellicule, prêts à laisser nos neurones fricoter au milieu d’une foultitude d’histoires gigognes et à nous laisser séduire par une avalanche de personnages, contre toute attente et dans un élégant tour de passe-passe c’est par la petite porte dérobée de la comédie romantique que PTA a choisi de poser sa baguette magique. Un sujet minimaliste d’à peine 1h30, épuré et sans vraiment d’enjeux psychologiques, où tout ou presque tourne autour d’un personnage farfelu et lunaire amoureux d’une jolie blonde avec comme principaux accessoires un harmonium tombé d’un camion, un costume bleu et quelques boîtes de pudding. Où est le truc? Récompensé à Cannes en 2002 (prix de la mise en scène) par un jury présidé par un certain David Lynch, on se dit que forcément tout ça sent un peu la grande illusion et que la simple histoire d’amour annoncée est certainement bien plus qu’une gentille bluette récréative.
Météorite bizarroïde venue s’écraser sur la planète cinéma, PUNCH-DRUNK LOVE est une love-story insolite et déjantée proche du rêve surréaliste à moins que ça ne soit d’un état d’ivresse frôlant le delirium tremens. Plongeant le spectateur en apnée dans un espace-temps distordu, loufoque et singulier, on ne sait trop comment définir ce film hybride en décalage permanent avec tout ce qui pourrait s’apparenter à un semblant de normalité. Sans aucun rapport avec un quelconque cocktail à base de rhum, l’expression « punch-drunk » dont s’inspire le titre et qui désigne l’état des boxeurs sonnés et désorientés par les coups, résume assez bien l’effet et les sensations que peut produire la vision de cet objet visuel et sonore non identifié. Car le monde de Barry c’est un peu comme si « Alice au pays des merveilles » rencontrait Mr Bean en pleine 4ème Dimension.
Vivre l’expérience de PUNCH-DRUNK LOVE c’est un peu être volontaire pour s’élancer à toute bringue contre un mur pour s’y fracasser le crâne. Forcément l’exercice provoque des effets secondaires extrêmes et intenses qui peuvent laisser quelque peu perplexe. Pour certains la puissance du coup déclenchera un effet cartoonesque qui les entraînera sur un petit nuage rose et planant, en revanche pour d’autres la violence du choc ne sera qu’assommante et douloureuse. Pour ma part bien que captivée par cette extravagante cacophonie maîtrisée, je dois bien avouer qu’il me reste encore quelques légères bosses.