Equipe:
Durée : 105’
Genre:
Date de sortie: 13/01/2004
Cotation:
Si vous avez manqué le début:
Bob Harris, acteur sur le déclin, se rend à Tokyo pour y tourner une publicité. Pas vraiment à sa place dans ce Japon qui l'adule mais qu'il ne comprend pas, il se perd dans ses pensées, dans son hôtel jusqu'au moment où il rencontre la jeune Charlotte...
Notre critique:
LOST IN TRANSLATION nous offre une vision du Japon complémentaire de celle d’Alain Corneau (STUPEUR ET TREMBLEMENTS). Là où Amélie Nothomb tentait une immersion totale, Sofia Coppola lance ses anti-héros dans une errance et un désarroi absolus. Ici, le Japon, vu au travers des yeux des occidentaux qui n’ont pas une réelle volonté d’intégration, est une terre de contraste. Il est représenté comme un univers multiple, sans point de repère, et qui conduit inévitablement les étrangers vers la dépression ou la désorientation totales.
Les personnages vivent donc une sorte de désintégration de leur personnalité qui les conduit à sortir de leur carcan d’une vie toute tracée dans leur pays d’origine. Marchant au bord d’un gouffre sans fond, Bob et Charlotte sont les victimes d’une rencontre improbable rendue possible par les circonstances de leur passage dans ce pays sans repères. Exploitant parfaitement la face pince-sans-rire de Bill Murray, Sofia Coppola renforce le côté comique en demi-teinte de Bob. Et Murray joue à merveille cette star fatiguée, à la fin du retour d’âge, qui n’espère pas plus de la vie que ce qu’elle lui a déjà donné. Face à lui, Scarlett Johansson a la fraîcheur d’avant les choix de la vie, elle représente merveilleusement l’hésitation qui précède le saut dans une existence toute tracée. Bob et Charlotte sont à l’unisson de Bill et Scarlett: pas vraiment faits pour se rencontrer mais finalement destinés à devenir les meilleurs amis du monde…
Ce qui est formidable dans LOST IN TRANSLATION, c’est le talent avec lequel la réalisatrice Sofia Coppola parvient à faire d’une histoire d’une banalité affligeante un récit très original, à huis clos le plus souvent, emprunt parfois de suspense et toujours d’une immense tendresse pour ses personnages.
Avec ce deuxième film après l’excellent VIRGIN SUICIDE (si vous ne l’avez pas vu, foncez vous le procurer en DVD…), Sofia Coppola montre qu’elle est infiniment digne du nom qu’elle porte et parfaitement capable de se faire un prénom que l’on n’est pas près d’oublier.