Titre français : Le Journal de Bridget Jones
Equipe:
Durée : 96’
Genre:
Date de sortie: 21/08/2001
Cotation:
Si vous avez manqué le début:
Bridget Jones est trentenaire, célibataire, se trouve trop grosse et se console avec une bonne cuite de temps à autres. Hormonalement décidée, elle craque pour son patron qui le lui rend bien même si au fond de son coeur d'artichaut, c'est l'avocat Mark Darcy qui l'émeut.
Notre critique:
BRIDGET JONES’S DIARY est l’adaptation cinématographique du roman éponyme de Helen Fielding. Roman qui a joliment cartonné à travers la planète (quoique très peu en Chine, en Inde, en Afrique et en Amérique du Sud). En fait, il y aurait 4 millions d’exemplaires vendus, soit 5.996.000.000 personnes qui sont passées à côté…
Tout ça pour dire que BRIDGET JONES’S DIARY nous conte les aventures d’une jeune femme dont le nom est (allez, devinez… faites un effort!) Bridget Jones. Et qu’a-t-elle de tellement singulier cette madame Jones qui soit à même de provoquer la vente de 4 millions d’exemplaires de son journal ainsi qu’une adaptation cinématographique d’envergure? Et bien, rien! C’est fou non? Bridget, c’est une jeune femme comme tout le monde. C’est une jeune femme de son époque, genre qui a trente ans, qui bosse pas mal, qui se trouve un peu replète, qui a des amis pour faire la fête et pour pleurer et qui rêve du Grand Amour, tendance prince charmant et amant infatigable. En somme, quelqu’un comme vous et moi, donc (enfin surtout vous et principalement si vous êtes une dame, parce que moi, je suis un garçon et je me sens du coup ontologiquement moins concerné même si j’assume un vif intérêt sociologique).
Au-delà des qualités intrinsèques du film (en résumé, c’est gentiment drôle sans plus, Renée Zellweger se débrouille bien sans plus, Colin Firth est un chouïa falot sans plus et Hugh Grant est une nouvelle fois très bien dans le rôle du type à la fois charmeur et auquel on rêve de mettre une claque), ce qui est intéressant dans BRIDGET, c’est ce qui y est dit et montré à propos de notre époque. Bridget vit sa vie coincée entre une farouche volonté d’indépendance et des rêves intenses de Grand Amour. Elle se bat avec tout son courage pour affronter un quotidien dont il semble qu’elle n’imagine pas qu’il puisse être différent, et en même temps elle espère rencontrer l’Homme de sa vie qui lui rendra ce quotidien supportable. Pauvre Bridget, personnage éteint dont les seuls témoignages de vie sont les gesticulations plus ou moins grotesques (qui nous font rire parce qu’on ne va tout de même pas pleurer, non?).
Bridget est le syndrome de notre société. Pour combler la vacuité de notre existence, on s’invente des désirs factices, on s’attèle à la réalisation de rêves inaccessibles. La série Ally McBeal ne raconte rien d’autre. Et ce qui est troublant dans les deux cas c’est de constater que les crises existentielles qui en sont la toile de fond narrative touchent des personnages qui débutent dans la vie adulte.On est loin de la crise de la quarantaine. Aujourd’hui, c’est à l’aube de la trentaine que l’individu occidental se trouve pris d’angoisses.
Amer constat que le style comédie rend à peine plus supportable. Ceci dit, vous ne sortirez pas du cinéma démoralisé puisque Bridget finit par le trouver son Prince Charmant. Et c’est mignon tout plein. Moi, personnellement, ça me broute car Prince Charmant ou Père Noël, c’est un peu rose guimauve et guimauve rose : ça ressemble avant tout à un mensonge.
BRIDGET pointe du doigt une angoisse fondamentale et propose pour la calmer ce qui en est la cause. Et ce qui aurait pu être une intéressante critique de notre mode de vie, n’en est finalement qu’une conformiste illustration sans relief, ni point de vue.