Amistad

par Olivier Loncin
Publié: Dernière mise à jour le

Equipe:
Durée : 155’
Genre:
Date de sortie: 24/02/1998

Cotation:

0 sur 6 étoiles

Si vous avez manqué le début:

En 1839, la cargaison d'esclaves du bateau espagnol AMISTAD se révolte contre l'équipage. Re-capturés par un bateau américain, les esclaves vont être jugés pour meurtre. Un avocat engagé pour les défendre par un partisan de l'abolition de l'esclavage, va essayer de les sauver.

 

Notre critique:

L’esclavage, c’est mal et c’est tant mieux qu’il ait été aboli. Tel est, en substance, le message de AMISTAD, le dernier Spielberg. Ou la preuve par 9 qu’on ne peut pas toujours être inspiré quand il s’agit de faire oeuvre d’humanisme. Et le spectateur de rester confondu devant tant de candeur manichéenne. C’est que tonton Spiel nous explique que les négriers étaient des fieffés salopiauds, de même que leurs défenseurs, avec cet air de dire  » heureusement que l’Amérique a débarassé le monde de cette engeance « .

Pour bien faire, il faudrait lui rappeler que d’autres pays avant les USA avaient aboli l’esclavage et qu’au milieu des années soixante, dans certains états d’Amérique, les noirs ne pouvaient toujours pas s’asseoir à côté des blancs dans les transports en commun. Cette mise en perspective d’une situation dramatique qui a perduré bien au-delà de la décision de l’abolition proprement dite, manque très nettement dans AMISTAD. La fin du film semble indiquer que tout va bien puisque des hommes ayant pris fait et cause contre l’esclavage parviennent à imposer leurs vues. C’est oublier qu’à cet instant précis commençait un combat qui n’est pas encore totalement achevé à l’heure d’aujourd’hui contre des mentalités archaïques toujours vivaces. Ce manque d’honnêteté intellectuelle fait peser sur le film un fardeau lourd à porter. Car un film pareil, même s’il est nourri de louables intentions, contribue, volontairement ou non, à réécrire l’Histoire.

La réalisation de Spielberg est pareillement frustrante. Si elle conserve toute sa vigueur dans la description de la mutinerie et des affres subies par les esclaves depuis leur capture jusqu’à la traversée, elle s’étiole mollement dans les parties consacrées aux procès. Il est dans ces moments dommage de constater que le Spielberg, sur un sujet aussi grave, n’a mis en image qu’un film de procès de plus.

A noter la présence de Morgan Freeman, à ce point décorative que cela en devient involontairement drôle.

Un Spielberg à côté de la plaque donc après un Spielberg alimentaire (JURASSIC PARK II) et avant un SAVING PRIVATE RYAN que l’on espère autrement plus motivant.